Charlie Hebdo: Combattons pour le droit d’être offensant
Répondons à ce massacre en renforçant la liberté d’expression.
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Spiked’s editorial on the Charlie Hebdo massacre, in French and in English further below.
Aujourd’hui est un jour sombre pour l’Europe. L’attentat barbare aux bureaux du magasine satirique français Charlie Hebdo est une attaque menée au premier chef contre les journalistes et dessinateurs qui y travaillaient, dont 12 sont morts, exécutés de sang froid pour le « crime » d’avoir dit ce qu’ils pensaient. Mais cet acte horrible était aussi une attaque contre l’Europe elle-même, contre nous tous et contre notre droit fondamental à la liberté de pensée et d’expression. Aucun d’entre nous ne peut concevoir la douleur qui est actuellement ressentie par les amis et la famille de ces journalistes et dessinateurs assassinés – mais nous devrions tous nous sentir agressés par ce massacre car il a été conçu pour nous rendre dociles et pour nous mettre à genoux, pour faire en sorte que nous nous auto-censurions ou alors que nous en souffrions les conséquences.
L’équipe de Charlie Hebdo a été punie de la manière la plus violente que l’on puisse imaginer pour avoir osé être provocatrice, offensante, blasphématoire. En écho aux mœurs des époques pré- modernes et pré-Lumières de torture et d’exécution de ceux qui blasphémaient contre Dieu et l’orthodoxie, ils ont été tués pour s’être moqués de Mahomet, pour avoir manqué de respect envers une religion particulière, ainsi qu’à ses icônes. Notre réponse devrait être d’affirmer à nouveau notre attachement à la liberté d’expression et, plus important encore, à la liberté d’offenser, de provoquer, de moquer et de ridiculiser tous les systèmes de croyances que nous voulons. De John Wilkes et ses pamphlets contre la royauté à Thomas Paine et ses remises en question de la religion, offenser les dieux et les rois, s’attaquer aux orthodoxies de son époque, a été une caractéristique centrale des Lumières et de la naissance du monde moderne. Manquer d’offrir sa solidarité à Charlie Hebdo et aux autres offenseurs modernes qui s’insurgent contre le politiquement et religieusement correct reviendrait à tourner le dos aux Lumières elles-mêmes et pousser l’Europe vers un retour à une époque de mise sous silence auto-infligée et de soumission morale.
Certains seront tentés de voir dans l’attentat contre Charlie Hebdo un acte complètement étranger, à mille lieux des valeurs de la République française, le fruit du comportement d’adhérents à un lointain culte islamiste de la mort. Mais ce serait une erreur. Le tragique de la situation est que cette barbarie s’insère dans un schéma déprimant, commun à l’Europe moderne. Il révèle la tendance contemporaine qui cherche à détruire, écraser ou censurer la pensée, l’art ou la littérature qui blessent de petits groupes de gens. C’est une forme plus extrême – beaucoup plus extrême – de quelque chose qui est devenu tragiquement banal : le fait de mener des guerres intolérantes contre ce que certaines personnes jugent offensant. Que ce soit des foules réussissant à faire fermer des expositions d’art ou des cyberactivistes parvenant à faire retirer de la publication des articles de journaux ou des émissions de télévision, nous vivons dans une époque où les sentiments de l’offensé sont trop souvent élevés au-dessus des libertés de pensée et d’expression. Le massacre de Paris est une version plus ignoble, plus sanglante de ce désir de détruire les choses qui blessent telle ou telle sensibilité.
La différence entre la guerre quotidienne contre l’offense et ces meurtres terribles de journalistes jugés « offensants » est affaire de violence et d’hémoglobine, et non d’intention morale : dans tous ces cas, le but est de réduire arrogamment au silence, par la pression, la menace ou la force, ceux qui disent des choses qui ne plaisent pas. Ce nouveau climat de censure a donné à des personnes et à des groupes, dans toute l’Europe, un sentiment de justice et de bon droit pour s’arroger le privilège de se débarrasser d’idées ou images blessantes; il a partout encouragé l’intolérance ; de Twitter aux universités, en passant par les mosquées. En effet, Charlie Hebdo n’a pas seulement été attaqué violemment (avant-hier comme en 2011, lorsque ses bureaux ont été brûlés) – le journal a aussi été poursuivi en justice par des groupes musulmans pour blasphème et incitation à la haine, en invoquant des lois françaises actuelles. Dans toute l’Europe, la loi elle-même, se combinant à ce nouveau climat de susceptibilité et d’auto-censure, invite activement les gens à agir d’après leurs sentiments et d’utiliser le pouvoir pour détruire les discours qu’ils haïssent.
Ça suffit. Le massacre de Paris nous montre les terribles dangers de ce nouvel âge des Ténèbres, de ce recul des libertés de pensée et d’expression, du déchaînement de cette nouvelle intolérance qu’est le Politiquement Correct. La meilleure, la plus civilisée des réponses à cet acte barbare, consiste à promettre que nous allons défendre la liberté d’expression chaque fois qu’elle sera menacée, en arrêtant de s’agenouiller devant les offensés, et que nous tiendrons tête à toute foule, groupe militant, voyou ou personne armée qui pensent qu’ils ont le droit de réduire les autres au silence. C’est ce que spiked prévoit de faire – d’intensifier encore plus notre combat pour le droit d’être offensant, en mémoire des journalistes de Charlie Hebdo et au nom de la liberté et des Lumières.
L’auteur, Brendan O’Neill, est rédacteur en chef de spiked et son éditorial a été traduit en français par l’équipe du blog suisse Iségorie.
In solidarity with Charlie Hebdo: fight for the right to be offensive
Today is a dark day for Europe. The barbaric assault on the offices of the French satirical magazine Charlie Hebdo is an attack most immediately on the journalists and cartoonists who worked there, 12 of whom are dead, executed in cold blood for the ‘crime’ of saying what they think. But this horrific act was also an attack on Europe itself, on all of us, on our fundamental right to freedom of thought and speech. None of us can feel the pain currently being felt by the friends and families of the murdered journalists and illustrators – but all of us should feel assaulted by this massacre, for it is designed to chill us and make us cower, to make us censor ourselves or else suffer the consequences.
The staff of Charlie Hebdo have been punished in the most violent way imaginable for daring to be provocative, offensive, blasphemous. In an echo of the pre-modern, pre-Enlightenment fashion for torturing and executing those who blasphemed against God and orthodoxy, they have been killed for mocking Muhammad, for failing to show respect to a particular religion and its icons. Our response should be to reaffirm our commitment to freedom of speech and most importantly to the right to be offensive, to provoke, to mock and ridicule any belief system we want. From John Wilkes’ royalty-bashing pamphlets to Thomas Paine’s questioning of religion, offending gods and kings, kicking against the orthodoxies of one’s age, has been central to the Enlightenment, to the birth of the modern world. To fail to offer solidarity to Charlie Hebdo and other modern offenders against religious or political correctness would be to turn the clock back on the Enlightenment itself and propel Europe back into an era of self-silencing and moral obedience.
Some will be tempted to see the assault on Charlie Hebdo as an entirely foreign act, alien to the values of the French Republic, the behaviour of the adherents to a faraway Islamist death cult. But that would be wrong. For the tragic fact is that this barbarism fits a depressing pattern in modern Europe. It speaks to the modern trend for seeking to destroy, crush or censor commentary, art or literature that offends small groups of people. It is a more extreme form – a far more extreme form – of something that has become tragically commonplace: the waging of intolerant wars against things judged by certain people to be offensive. Whether it’s mobs successfully having art exhibitions shut down or online gangs getting newspaper articles withdrawn or TV shows pulled, ours is an era in which the feelings of the offended are all too often elevated above the freedoms of thought and expression. The Paris massacre is a fouler, bloodier version of this urge to destroy material that offends people’s sensibilities.
The difference between the everyday war on offensiveness and this terrible murder of ‘offensive’ journalists is one of gravity and bloodiness, not of moral intent: in all cases the arrogant aim is to silence, by pressure or threats or force, those who say things you don’t like. This new culture has given people and groups across Europe a licence to take offence and a feeling of moral authority to do away with offensive ideas or images; it has inflamed intolerance, everywhere from Twitter to universities to mosques. Indeed, Charlie Hebdo hasn’t only been violently attacked (today and also in 2011, when its offices were burnt down) – it has also been sued by Muslim groups under actual French laws, against blasphemy and incitement. Across Europe, law itself, as well as the new culture of offence-taking and self-censorship in response to pressure, now actively invites people to act on their feelings of offence and to use power to destroy speech that they hate.
Enough. The Paris massacre shows us the terrible dangers of this new Endarkenment, this retreat from freedom of thought and speech and this unleashing of a new, seemingly PC intolerance. The best, most civilised response to this barbaric act is to promise that we will defend freedom of speech every time it is threatened, stop kowtowing to the offended, and stand up to every mob, campaign group, thug and gunman that think they have the right to silence others. That’s what spiked plans to do – to embolden even further our fight for the right to be offensive, in memory of the journalists at Charlie Hebdo and in the name of freedom and Enlightenment.
Brendan O’Neill is editor of spiked.
To show solidarity with Charlie Hebdo, sign our freedom manifesto – for free speech, no ifs or buts.
Picture by: PA images.
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